Pauvre, clochard, vagabond, sans-abri, précaire, Sans Domicile Fixe, exclu, etc. : notre langue française est riche pour décrire la situation des plus démunis ! Le plus souvent, on emploie ces termes comme des synonymes, mais leur signification comporte des nuances.
En effet, chaque époque a conçu son propre vocabulaire pour désigner ses « pauvres ». Dans cet article, nous vous proposons de vous replonger dans l’histoire pour comprendre les différents termes utilisés jusqu'à aujourd'hui.
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Le mot « pauvreté » nous vient du latin paucus, qui signifie « peu ». À l’origine, celui qui avait peu était celui qui faisait peu de récoltes, dont la terre donnait peu. Contraire du riche, le pauvre est donc celui qui n’a pas de quoi subvenir à ses besoins, qui manque du nécessaire pour vivre.
Ce terme très employé jusqu’au XXe siècle tirerait son origine du latin cloppus, qui signifie boiteux. Une dénomination toute trouvée pour des marginaux qui ne « marchent pas droit ».
Une autre origine possible est liée à la cloche qui annonçait la fin des marchés. Les pauvres sortaient alors pour récupérer les invendus...
On qualifie ainsi ceux qui sollicitent de l’argent dans l’espace public. Mais on confond souvent les termes : une personne qui mendie n’est pas forcément sans abri, tout comme il serait faux de penser que toutes les personnes sans-abri mendient.
💡 Pour rappel, la mendicité ne permettrait de gagner que 10 euros par jour, et seuls 14 % des personnes SDF mendient régulièrement.
Issu du « vagabondage » — le fait ou l’habitude d’errer— il désigne ici un mode de vie marginal plus ou moins choisi. Mais cette errance, perçue comme suspecte, fait l’objet d’une politique répressive d’enfermement. Les premiers « délits de vagabondage » sont inscrits dans le Code civil de 1810.
Cette expression a émergé à la fin du XIXe siècle. Les premiers asiles de nuit sont créés pour offrir un refuge aux plus pauvres. Force est de constater qu’on désigne les individus par une négation d’identité, ce qu’ils n’ont pas : un abri.
💡 Attention, tous les sans-abri sont sans domicile fixe, mais tous les sans domicile fixe ne sont pas sans-abri !
La notion de « sans domicile fixe » apparaît dès le XIXe siècle sur les registres de police. Mais elle ne s’est imposée que depuis les années 1995 dans le débat public, jusqu’à supplanter les autres termes employés.
Par ces trois lettres, SDF, on désigne assez communément, et à tort, tous les démunis. Mais cela cache une réalité multiple : les personnes sans-abri, c’est-à-dire celles dormant dans la rue ou dans un autre lieu non prévu pour l’habitation (hall d’immeuble, parking, jardin public, gare…), et les personnes mises à l’abri dans le cadre d’un dispositif d’hébergement (en centre collectif, à l’hôtel ou dans un logement ordinaire).
Au sens strict, le mot “précaire” décrit un statut au travail : le précaire est celui qui ne dispose que de contrats de travail à courte durée (CDD, intérim, stages, etc.). Dans un sens plus large, il peut décrire tous ceux qui semblent vivre « au jour le jour », dont l’avenir est incertain, dont les revenus, la santé, l’emploi et les relations sont instables et fragiles.
Une personne en situation de précarité n’est pas nécessairement pauvre, mais sa vulnérabilité peut malheureusement la faire basculer dans la pauvreté.
La notion d’exclusion sociale est développée au milieu des années 1970. À l’époque, on est au cœur de l’euphorie des Trente Glorieuses et on s’aperçoit qu’une partie de la population ne profite pas du progrès : on parle aussi de « marginaux ». Aujourd’hui, les exclus sociaux ne sont plus uniquement les exclus du progrès : ce sont les individus qui sont mis “hors jeu” des rapports sociaux du fait de leurs différences ou de leurs manques jugés invalidants.
Les personnes handicapées, sans-abri ou âgées peuvent par exemple être concernées.
Il y a une différence entre le sentiment de solitude et l’isolement social.
Le sentiment de solitude est subjectif : on peut se sentir seul et abandonné alors que l’on est entouré de ses proches, et inversement ne pas avoir de proches et ne pas souffrir de solitude.
En revanche, les personnes isolées n’ont pas ou peu de relations de qualité au sein des principaux réseaux sociaux comme la famille, le travail ou les amis, et souffrent de cette situation qui leur est imposée.
Simple Comme Bonjour est un programme de formation lancé par Entourage, et réalisé avec des professionnels du secteur et des personnes de la rue pour sensibiliser et former le plus grand nombre à entourer durablement les personnes les plus exclues.
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